Aujourd’hui, je vais vous évoquer un thème nutrition qui m’est cher: l’allergie aux protéines du lait de vache. Celle-ci est relativement fréquente car concerne environ 2 à 8% des enfants (selon les sources…). C’est la plus fréquente des allergies alimentaires de l’enfant.
Le point positif, c’est que dans 95% des cas, celle-ci se résorbe spontanément vers 2-3 ans.
Le seul traitement repose sur l’élimination complète du lait de vache et de tous les aliments qui en découlent ( beurre, crème, fromage, gâteaux etc.)
Toutefois, les bébés ont besoin d’un apport lacté très important pour assurer leur croissance, il faut donc trouver des alternatives au lait de vache.
Quelques précisions ci dessous!
Quand apparaît une allergie aux protéines du lait de vache? (APLV)
Celle ci apparait majoritairement au sevrage du nourrisson, lorsque l’allaitement maternel est remplacé par des biberons de laits infantiles.
Si le bébé n’est pas allaité, l’allergie se déclare souvent avant le 3ème mois du bébé.
L’APLV est une allergie à une ou plusieurs protéines contenues dans le lait. En fonction du type de sensibilisation la réaction allergique ne se manifestera pas de la même manière.
Comment s'assurer qu'il s'agisse bien d'une APLV?
Une APLV est toujours diagnostiquée par un médecin.
Si vous avez le sentiment que votre bébé ne « digère » pas le lait, il peut s’agir simplement de coliques du nourrisson, ou d’un lait moins bien digéré qu’un autre.
En aucun cas il ne faut supprimer le lait sans l’avis d’un médecin, et idéalement d’un pédiatre.
Pour s’assurer d’une APLV, des tests d’introduction/éviction sont mis en place. Pour s’assurer du diagnostic, des tests sanguins ou cutanés sont prescrits. Certains bébés ne réagissent pas à ces tests: ceux si s’avèrent parfois négatifs alors qu’en réalité il y a bien une allergie ( dans ce cas les symptômes sont tellement flagrants que le diagnostic est tout de même posé): ces cas restent isolés.
Et justement, qu'en est il des symptômes?
Un bébé APLV présente un ensemble de symptômes plutôt caractéristiques, et très évocateurs pour un pédiatre: vomissements, reflux, urticaires, éventuellement de l’asthme, survenant brutalement suite à l’introduction de lait/laitages ou dérivés dans l’alimentation de l’enfant.
Ces symptômes sont soit immédiats, soit retardés en fonction du type d’allergie. Le site du CERIN vous explique tout ça parfaitement ici.
Il peut y avoir d’autres manifestations plus atypiques, et c’est bien pour ça qu’une consultation chez le pédiatre s’impose au moindre doute.
Quels aliments supprimer?
J’aurais pu vous écrire un pavé sur tous les aliments à privilégier ou supprimer, mais dans la mesure où il y a des sites dédiés à ça et très bien faits, je vous renvoie vers eux.
Vous pouvez consulter le régime d’éviction du site CICBAA ( Cercle d’investigation Clinique et Biologique en Allergologie Alimentaire), très bien détaillé.
Je tiens juste à faire un rappel primordial à notre époque: on ne remplace pas le lait infantile par n’importe quel lait.
En l’occurrence, le lait de vache n’est absolument pas comparable aux jus de soja , amandes ( qui ne sont pas des laits!), qui ne sont en aucun cas capables de couvrir les besoins du nourrisson. Les laits de chèvre, brebis etc. sont très proches du lait de vache en terme de composition, et ne sont donc pas tolérés par les bébés APLV.
D’autre part, il ne faut pas confondre le lactose ( = sucre du lait), avec les protéines du lait. Un produit sans lactose peut parfois contenir des protéines de lait, méfiance!
Lors de la lecture des étiquetages, mettez de côté les aliments contenant les éléments suivants:
- Beurre, caséinate, caséine, crème, crème fraiche, lactalbumine, lactose, lactoprotéines, lactoglobuline, margarine, protéines lactées, sérum albumine
Que penser des laits pharmaceutiques sans PLV?
Très souvent, pour substituer le lait de vache, on conseille de poursuivre l’allaitement maternel.
Mais ça n’est pas toujours faisable avec les contraintes professionnelles, ce qui peut amener votre médecin à vous prescrire un lait sans PLV.
Ceux ci sont délivrés sur prescription médicale, et existent sous diverses marques: Neocate de Nutricia ( à base d’acides aminés non allergéniques), Modilac Expert Riz de chez Modilac ( à base de lait de riz enrichi en acides aminés, calcium etc), Pepti Junior de Picot (hyfrolysat de protéines) par exemple.
- Leur point fort: ils sont exempts de PLV, peuvent se cuisiner, et sont disponibles assez facilement en pharmacie. Ils sont d’ailleurs partiellement remboursables sur ordonnance ( et les mutuelles peuvent compléter le surplus, tout dépend du contexte et des mutuelles).
- Le gros point faible: ils sont mauvais gustativement… vraiment. Faire boire ces laits « tels-quels » à un nourrisson relève parfois de la mission impossible.
Si votre enfant est en âge de consommer autre chose que du lait ( donc âgé de plus de 4 mois): dans ce cas vous pouvez tester tout un panel de recettes, permettant de « faire passer » le lait infantile, en le mélangeant à d’autres aliments ( cf quelques idées recettes plus bas).
N’oubliez pas que les sensations gustatives de votre bébé ne sont pas comparables aux vôtres: un aliments que vous trouveriez mauvais peut tout à fait être apprécié de votre bébé.
En cas d'allaitement maternel, faut il faire un régime sans PLV pour la mère ?
Pas systématiquement.
Tout dépend du degré de tolérance de votre bébé.
Certains bébés tolèreront sans problème le lait maternel, même si celle-ci consomme des laitages. En effet, les protéines lactées sont de gros calibres, et une très faible fraction passe dans le lait maternel.
Pour d’autres bébés, c’est plus compliqué, et on conseille à la mère de faire un régime d’éviction des PLV pendant 2 à 4 semaines pour vérifier si le bébé se porte mieux à l’issu de ce régime.
Sujet à évoquer à votre médecin donc!
Y a-t-il d'autres allergies "croisées" à celle de l'APLV?
Pas systématiquement.
Très occasionnellement, celle-ci est associée à l’allergie à la sérum albumine bovine: boeuf et veau sont donc dans ce cas à proscrire également.
L’allergie au soja se retrouve chez 25% des bébés APLV, donc prudence donc avec cet aliment ( et notamment les jus de soja, qui ne sont pas du tout indiqués, comme dit plus haut)
Il ne faut pas non plus confondre l’intolérance au lactose ( le sucre du lait), et l’allergie aux protéines du lait de vache. Vous pouvez consulter la vidéo du CERIN pour mieux en comprendre la différence.
Quand ré-introduire le lait de vache?
Cette ré-introduction se fait toujours en milieu hospitalier, de façon progressive et selon un protocole bien défini.
Pas d’inquiétude à ce sujet, si vous suivez bien le régime à la maison, il n’y pas de risque pour votre bébé, et la ré-introduction sera bien encadrée ( en général vers l’âge de 1 an)
Quelques recettes pratiques
Les laits sans PLV peuvent être cuisinés pour être plus facilement consommés par les bébés.
- Le laboratoire Picot commercialisant le lait Pepti Junior a réalisé un superbe guide proposant de nombreuses recettes intéressantes; A vous de tester celles qui conviendront à votre bambin.
- De même chez Modilac et son Modilac Riz expert 2: vous pourrez trouver de nombreuses recettes ici.
- Chez Novalac aussi on vous propose des recettes, ce guide peut également vous plaire.
Bref, testez, testez, et re-testez de nouvelles recettes, vous en trouverez forcément certaines qui raviront les papilles de votre tout petit.
Ce qu’il faut retenir à tout prix, c’est que votre bébé de + de 6 mois a besoin d’au moins 500 mL de lait par jour. Cela correspond donc à environ 15 mesures de lait en poudre sans PLV. Il est donc possible de répartir ces mesures tout au long de la journée dans l’alimentation de bébé pour atteindre l’équivalence de 500 mL de lait consommé.
Pour conclure
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